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Recueil n° 5 – 2016 74
L’HEURE BLEUE
comporte sur sa droite (en haut et en bas), des fragments de plans de villes, associés à des zones
chromatiques réalisées par collages et conçues de couleurs différentes. La philosophie des couleurs demeure la même : des
teintes vives, proches du fauvisme, avec dans cette œuvre une dominante bleue enveloppant les autres teintes, traitées de faç
on
à ce que celles-
ci soient subordonnées à la couleur dominante. Aucune d’entre elles ne dépasse en intensité la
teinte
enveloppante. Dès lors, quelle surprise de voir, sur la gauche de la toile, une série de constructions cubiques conçues en des
proportions différentes.
Bien qu’elles soient parfaitement alignées, elles distillent un goût d’inachevé. Cela est dû au
fait que chacune appartenant à cette
série est encadrée à l’intérieur d’une zone particulière.
Centrée au cœur d’un univers froid, dominé par le gris, une construction géométrique, basée sur le module du rectangle, nous
dévoile la façade d’un immeuble comportant dix fenêtres qui scandent le rythme d’un mur blafard. En bas, une deuxième zone
oppose une série de maisonnettes dont trois d’entre elles sont surmontées d’une toiture de couleur noire, rappelant l’atmosph
ère
d’un hameau. Malgré l’absence de voiles
ou de vagues, cette composition exhale un parfum de mer.
Cela s’explique à la fois par la puissance que le bleu a sur notre imaginaire mais aussi parce que la scène se déroule dans u
n
paysage breton. Une fois encore, la mythologie personnelle de l’artiste l’emporte sur le reste. La présence de fragments de plans
de villes provient d’un souvenir pénible, celui d’un tremblement de terre que l’artiste vécut au Guatemala avec son mari, il
y a des
années. Ces fragments cartographiques sont, à la fois, les résidu
s que le phénomène tellurique a laissés de la ville qu’il a
ravagée, mais aussi des peurs non assouvies ressenties par l’artiste. D’autre part, le titre de l’œuvre (
L’HEURE BLEUE
) définit
en réalité
l’heure du matin, plongée dans l’incertitude de ce que se
ra le jour : fera-t-il beau ou pleuvra-t-il ? La série des éléments
architecturaux cubiques traduit, à la fois,
l’amour de l’artiste pour le cubisme mais aussi ce qui est ressenti par elle comme une
particularité bretonne, à savoir une uniformité presque m
aladive d’une certaine forme d’habitat local. Ce qui traduit dans son
discours la présence d’une menace.
Cette même écriture se retrouve dans la réalisation de
TOHU-BOHU
(80 x 80 cm - acrylique sur toile),