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Recueil n° 3 – 2014 74
Concernant l’artiste, la conception des corps, dilatés dans une myriade de postures dans l’espace, à l’instar de
sculptures « dansantes » (car l’univers de la danse est intrinsèquement présent dans sa peinture), l’écarte du
langage proprement antique.
De même, les visages conçus par lui sont « flous », presque inexistants (à l’exception de celui du personnage
féminin d’
ANTHROPOMORPHE
, que nous avons évoqué plus haut. Il y a par rapport à ce dernier une volonté
d’aboutissement). Le visage du Christ se réduit au seul volume. Aucune expression ne l’anime.
De plus, il est imberbe et porte les cheveux courts, revenant ainsi vers une conception proche de l’iconographie
paléochrétienne, adepte du Jésus jeune et imberbe. S’éloignant, par conséquent, du statut iconographique néo-
platonicien du Christ empourpré et barbu que nous avons adopté, en Occident.
En quoi l’artiste renoue-t-il avec la
Renaissance
? Notamment avec la représentation du « jeu des mains » qu’il
envisage comme un dialogue
POSE ACADÉMIE
(140 x 110 cm - huile sur toile).
Les mains sont, d’ailleurs, la « marque de fabrique » des maîtres de la Renaissance italienne :
RAPHAËL
est
incontestablement le maître du genre. On parle des « mains raphaëlesques » pour désigner tel artiste concevant
les mains comme le peintre. LEONARD PERVIZI éprouve, d’ailleurs, une immense fascination pour les mains,
contrairement à la méfiance qu’il porte au visage (extrêmement complexe à réaliser), parce qu’il les considère
comme l’extrémité du corps, ses propres limites.
Cette peinture est une mise à l’honneur du corps, de l’anatomie considérée comme la composante majeure
contenue dans l’espace. Ce qui lui permet d’effectuer une série de volutes et de contorsions, destinées à s’étirer,
à se tendre et se détendre pour trouver sa propre existence spatiale. La position du corps tourmenté du Christ est