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Recueil n° 3 – 2014 66
CASQUE D’OR
(68 x 59 cm - huile sur toile)
est un excellent exemple de la présence de la figure humaine, jaillissant d’un univers abstrait, telle une épiphanie.
Qu’est-ce qui, dans cette œuvre, appartient au
figuratif
? « Le corps de la femme », me direz-vous. Évidemment,
néanmoins, il s’agit là d’un corps
éthéré
, en ce sens que ce qui relève de la dimension charnelle (le visage, les
cheveux, le dos, la main), baigne dans une translucidité à la fois laiteuse (le dos) et dorée (les cheveux),
répudiant le langage plastique « conventionnel » du rendu physique, pour aboutir à une dimension transcendant
le simple sujet. Lorsque le regard remonte le dos pour aboutir au visage, coiffé de sa chevelure scintillante, tout
se décline dans un chromatisme lumineux. Inversement, c’est dans la partie inférieure, celle qui enveloppe le
corps, à dominante bleue et mauve, que nous atteignons un chromatisme sombre, délimitant drastiquement les
deux zones du tableau en deux univers différents. La main, longue, d’une très grande présence plastique, assure
la transition entre ces deux univers. Notez l’expression du visage : il baigne dans un calme « intemporel ». La
pose inclinée du personnage est proche de la sculpture dans son rendu.
En réalité, si l’on effaçait toute trace du personnage féminin, nous nous retrouverions avec une œuvre de la
même nature que
SKYLIGHT
. C’est par l’immersion du corps physique que le langage plastique adopte une
transition esthétique concrète, à la charnière de deux écritures.
JACQUES DONNAY, qui est également un merveilleux dessinateur ainsi qu’un éminent paysagiste, a fréquenté
l’École Supérieure des Arts Saint-Luc de Liège
.
Il travaille essentiellement à l’huile. Pour maîtriser la matière, il se sert aussi bien du couteau que de ses doigts.
Dans le but de donner à l’œuvre la transparence souhaitée, il travaille l’huile comme l’aquarelle, cherchant
constamment à conférer à la toile un fond blanc, sur lequel les couleurs se superposent.
Sa démarche est proche de celle d’un peintre de la Renaissance, en ce sens que sa peinture fourmille de détails,
maîtrisés à l’extrême, en tant qu’assises du mouvement. Quant aux couleurs, la vie qu’elles sécrètent atteint le
seuil de leur nature.