Recueil n° 3 – 2014 65
accuse une autre conception du mouvement. Celle-ci se réalise dans la trajectoire de trois embarcations, dont
chacune prend une direction différente de l’autre, trahissant la volonté de sortir du cadre. Deux remorqueurs
escortent un paquebot. Le mouvement est amorcé à la fois par celui situé à l’extrême droite du cadre qui file droit
vers sa trajectoire. Tandis que le second, situé à l’avant-plan, s’engage dans la direction opposée. Le paquebot,
massif dans sa couleur rouge vif, file à toute allure droit vers le spectateur. L’artiste éprouve une énorme
admiration pour le travail qu’effectuent les remorqueurs, d’où leur présence sur d’autres de ses toiles.
PAR BON VENT
(59 x 59 cm - huile sur toile)
propose également une étude sur le même sujet par la vue d’un bateau qui tangue. Les voiles ainsi que la partie
supérieure de l’embarcation, d’un blanc laiteux, se marient à la couleur du ciel. Le mouvement se scande à la fois
par le bateau qui tangue, par le vent qui gonfle les voiles, ainsi que par les vagues secouant l’océan. Par
opposition, les marins, immobiles, sont réduits à de simples silhouettes, ce qui accentue l’agitation émanant de la
composition.
Nous avons noté, plus haut, la volonté du sujet de vouloir sortir du cadre. Il faut comprendre cela comme le
dénominateur commun aux deux thématiques. Le visiteur remarquera que la composition se structure à l’intérieur
de deux cadres : un cadre dans un autre. Cela exprime la volonté de l’artiste de donner différents plans à l’œuvre
ainsi que d’affirmer un désir d’évasion. À titre d’exemple, les deux mâts du bateau, à l’arrière-plan du
PORT DE
BASTIA
, dépassent du cadre, idem pour celui de l’avant-plan, à droite.
Ces deux thématiques ont un autre point commun, celui d’une interaction stylistique entre l’
abstrait
et le
figuratif
.
L’artiste s’exprime, indistinctement, dans les deux styles, à tel point que l’un s’imbrique naturellement dans
l’autre.