Recueil n° 3 – 2014 54
Qu’est-ce qui, dans la morphologie de son œuvre, appartient au
visage
et qu’est-ce qui appartient au
masque
?
Dans cet anthropomorphisme créateur, l’artiste, après avoir conçu les contours plastiques du masque, conserve,
à partir de son autoportrait de base, le nez et la bouche pour les habiller de sillons lumineux, comparables à la
patine sacrificielle usitée dans les sociétés traditionnelles. C’est à partir de la force avec laquelle il conçoit les
traits du visage, ainsi que par le transfert successif du dessin vers d’autres logiciels qu’il joue sur l’épaisseur du
rendu en l’agrémentant d’un aspect granuleux. Une raison supplémentaire au fait qu’il aime le numérique est que
cette technique donne droit à des erreurs que l’on peut rectifier en y apportant un maximum d’autres possibilités.
Il lui arrive de concevoir ses dessins sur plusieurs jours et ne les retouche que très peu.
L’artiste, qui s’exprime principalement à partir de la toile, aimerait s’attaquer à présent à la 3
ème
dimension, en
envisageant la sculpture à partir de ses dessins, par le biais d’outils logiciels, car ce qu’il réalise est une extension
de sa pensée qu’il aimerait voir se matérialiser.
Lorsqu’on lui pose la question de savoir s’il préfère voir les masques cinématographiquement animés plutôt que
fixés sur la toile, l’auteur répond en affirmant sa volonté de vouloir engager une problématique philosophique,
dans son refus absolu du statisme imposé par le tableau. Malgré le fait que le mouvement, en matière d’arts
plastiques, résulte d’un rapport « sensoriel » entre le regard du visiteur et l’œuvre d’art, ce refus du statisme doit
être compris comme un mécanisme de défense contre la maladie de Parkinson qui le fige.
STEPHAN GENTET a une formation d’économiste. Bien qu’autodidacte, il a néanmoins, pratiqué le dessin entre
douze et seize ans, dans une école d’arts plastiques.
Après avoir vu ses œuvres, vous serez, à coup sûr, convaincus que cet excellent artiste n’est qu’à l’aube de son
existence et que bien des lumières sillonneront, à l’avenir, d’autres univers.
Arts
Lettres
STEPHAN GENTET et FRANÇOIS SPERANZA: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes
Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires des deux derniers siècles
(10 septembre 2014 - Photo Robert Paul)