Page 58 - Tome 3 Imprimeur

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Recueil n° 3 – 2014 52
Lorsque
VAN GOGH
se représente amputé d’une oreille, il ne cherche pas à intervenir sur l’événement par le
biais de la pensée magique, plastiquement restituée. Il ne « maquille » rien. Comme
REMBRANDT
, il constate,
c’est tout. Son regard fixe le spectateur sans la moindre plainte ni la moindre volonté de questionnement.
STEPHAN GENTET, lui, « intervient » dans la manifestation du processus évolutif de l’événement. Il influe en
créant, devenant ainsi le démiurge de sa propre existence. Il peint. Il
se
peint existant.
De ces masques-visages, empreints d’une ethnicité mythologique, se dégage une force tribale, laquelle, apporte
à l’artiste une sorte de « résilience », comme il se plaît à le dire.
L’idée d’autodéfense se retrouve également dans les titres qu’il donne à ses œuvres. Le terme
warriors
(
guerriers
) revient pour chaque toile comme un leitmotiv. Ces « guerriers » symbolisent la pulsion de vie de
l’artiste face à la maladie.
Mais cette force tribale qui ressort de ces masques-visages manifeste également une quête inhérente à tout
artiste : celle de l’Homme universel arborant mille visages de l’humain, se démultipliant à l’infini et se projetant
dans l’humanité en une sublimation du réel.
La maladie s’avère être une sorte de résurrection car elle opère sur lui une forte propension à transmettre son
état psychique. De 22 heures à 4 heures du matin, il travaille, comme il le dit lui-même, dans une « attitude semi-
consciente », en ce sens qu’il ressent les choses puis les dessine. Il arrive même qu’il ne soit pas très bien
réveillé et le résultat devient, dès lors, aléatoire. Cela explique le fait qu’il travaille toujours en musique.
GOLDEN MASK
(85 x 65 cm)