Page 32 - Tome 3 Imprimeur

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Recueil n° 3 – 2014 26
produisent le même effet diaphane. Cet effet est obtenu par une luminosité à outrance provoquant un véritable
éblouissement. Une fête des sens, car même si les personnages sont absents de ces deux toiles, celles-ci
grouillent de vie. Les objets disposés dans l’espace adoptent carrément le statut de
sujets
.
Entre l’
intérieur
et l’
extérieur
, la frontière est fort ténue. Pour nous l’indiquer, un ensemble de pilastres en
assurent la démarcation tout en accentuant la verticalité de la composition. Cette verticalité témoigne de la
« réalité imaginaire » d’un écran, lequel prolongerait le regard du visiteur.
La vue extérieure de
CUPIDON
nous offre une vision de l’architecture victorienne surmontée de l’Union Jack. De
même que, sur la droite de la composition, une cabine téléphonique, d’un rouge éclatant, typiquement
londonienne, nous rappelle dans quelle ville nous nous trouvons.
Tandis que
NUIT À LONDRES
nous donne à voir un univers saisissant, baigné par un éclairage fauviste,
unissant dans une même féerie chromatique
intérieur
et
extérieur
.
Il y a manifestement une opposition dynamique entre ces deux vues. Malgré le côté fauviste de la réalisation
nocturne, il règne dans cette toile une atmosphère à la fois chaude et calme. Tandis que dans la vue diurne,
l’opacité volontaire de l’œuvre provoque chez le visiteur un sentiment plus mitigé. Il y a plus de vie, peut -être
même moins de « retenue », en ce sens que certains éléments, adéquatement placés, suscitent un semblant de
« désordre » : la paire de chaussures rouges, un peu en retrait sur la droite de la composition - la statuette ailée
de Cupidon, trônant en oblique, décentrée par rapport à son axe, sur son socle. Cela provoque un sentiment de
« nonchalance » qui confère à l’ensemble une irrésistible légèreté.