Recueil n° 5 – 2016 71
MORGANEZ
(détail de l’œuvre)
reconnaissables à cette matière, à la fois compacte et filandreuse, évoquant des serpents. Bien que les personnages
appartiennent au monde gréco-
romain, leur conception plastique pourrait, esthétiquement, être considérée comme un clin d’œil à
la
commedia
dell’arte
, par conséquent à la Renaissance italienne. Une autre figure « mythologique »,
au sens qu’elle est issue
de
la mythologie personnelle de l’artiste (vers le haut à gauche de la toile), fait irruption sous la forme d’un profil pouvant
évoquer
le museau
d’un
cheval, symbolisant l’image du «
Naissant
», dont le graphisme est proche de l’esthétique d’un
CHAGALL
.
Cel
a se perçoit essentiellement par la finesse d’exécution du museau, longiforme, tout en délicatesse. Il s’agit d’un cheval
descendant en droite ligne de l’imaginaire de l’artiste, lequel n’a rien de commun avec un graphisme qui s’efforcerait de res
pecter
ses proportions morphologiques originales.
Il est intéressant de noter que les seuls personnages à avoir des traits faciaux sont les masques et le cheval. Comme nous
l’avons mentionné plus haut, la femme, elle, en est privée. Les masques, même conçus comme t
els, évoquent, par leur traitement
graphique, des visages anatomiquement humains : le nez, la bouche et les joues sont délimités par un réseau de traits au fusain,
finement ciselés et fortement appuyés, mettant en exergue le grand talent de dessinatrice de
l’artiste. Notons, néanmoins, ce
tte
constante, à savoir qu’à toutes les époques, de l’Antiquité classique à nos jours, les traits du visage de la Gorgone ont tou
jours
été extrêmement prononcés et précis.
Une vaste note brune (en dégradés) s’étale sur le
museau du cheval, lui laissant au niveau des yeux et des narines, traités en
noir très vif, deux zones, restituant la réalité morphologique qui lui sied.
MORGANEZ
est une œuvre «
bouillonnante ». Le
mouvement qu’elle dégage est le résultat du mariage rythm
ique entre la forme et la couleur. Le jaune, à outrance, se mêle au
bleu, au vert et au rouge vif, formant ainsi l’image mythologique du ciel en convulsions, vers lequel tend l’ensemble de la
composition.