Recueil n° 3 – 2014 46
MARC LAFFOLAY : LE BOIS ET LE SACRÉ
L’
ESPACE ART GALLERY
(Rue Lesbroussart, 35 à 1050 Bruxelles) vient de consacrer une exposition, du 06 -
08 au 31-08-2014, à l’œuvre du sculpteur français
MARC LAFFOLAY
, intitulée :
PEINTURES ET
SCULPTURES
.
Titre en apparence très sobre mais qui trouve la clé de sa simplicité par la sensation qui frappe derechef le regard
du visiteur, à savoir que ce qui caractérise l’œuvre de Monsieur MARC LAFFOLAY, c’est avant tout une
dimension
primitive
qu’il faut comprendre dans l’acception étymologique du terme latin
primitivus
:
originel
.
Qu’est-ce qui confère à l’œuvre de ce sculpteur ce sens originel ? Assurément ce sentiment de
sacralité
qui se
dégage de ses sculptures. Ces bois sculptés ont quelque chose de sacré, de l’ordre du mysticisme émanant des
portes de
greniers dogons
qu’évoquent les entrelacs conçus en claire-voie ou des fers bambaras dans l’extrême
finesse de leur stylisation.
Ces sculptures sont en concordance avec ce que d’aucuns nommeraient des « dessins » mais que l’artiste
préfère qualifier d’
empreintes
.
La parenté stylistique entre les entrelacs sculptés et les motifs de ces encres est flagrante.
MARC LAFFOLAY nous offre un art
brut
, lequel, de par sa nature, possède les traits de l’art primitif, en ce sens
que l’artiste intervient de toute sa force vitale pour le façonner, lui donner une identité autre, tout en le maintenant
dans la vérité de son écorce. La relation qu’il entretient avec la matière première est à la fois de l’ordre du tactile
et de la verticalité.
Son travail trouve sa philosophie dans l’
évidement,
c'est-à-dire dans l’économie du volume. L’équarrissage du
bois lui assure la forme et l’évidement lui confère une place dans l’espace. À cela s’ajoute une ultime étape : celle
du feu, consistant à augmenter le dépouillement déjà amorcé dans l’évidement de la matière. L’artiste brûle le
bois dans le but de provoquer des
accidents
qu’il faut comprendre comme des cassures destinées à éliminer les
impuretés de la matière mais aussi à faire partie intégrante de la création. Car l’artiste ne répudie nullement les
accidents. Il les intègre en tant que processus créatifs.
Ils deviennent, dès lors, partie constitutive de l’œuvre. En cela, son art brut trouve sa part de
sacré
, à l’instar des
œuvres créées par les sculpteurs africains.
En effet, lorsque ceux-ci ont fini de façonner une pièce, ils apportent une étape finale dans l’aspersion de sang
sacrificiel sur la statuette pour que celle-ci s’anime de pouvoirs magico-religieux. Feu et sang revêtent la
puissance vitale de l’acte créateur. Acte empreint de sacralité par excellence.